Près de la mer

Quelqu'un était monté dans cet arbre, c'était Esteban.

"Alors, on a pas peur de rester seule la nuit?"

Il avait parlé de sa voix amusée habituelle, tandis que dans ses yeux une lueur malicieuse brillait. Il ne voyait que rarement Amalia seule, puisque habituellement, ils étaient toujours ensemble, ou bien elle était avec son tigre. Pouvant lire dans son esprit, il savait qu'elle l'avait entendu.

"S'il ni a que des démons aussi faibles que toi... Pas vraiment."

Amalia avait discrètement levé les yeux vers lui, échappant un doux rire. Elle ne le pensait pas vraiment, c'était plutôt qu'elle aimait le taquiner.

"Je ne croyais pas te voir dans le coin... Je croyais plutôt que tu resterais assis confortablement à planifier je ne sais quel coup tordu."

Elle le connaissait bien, et savait qu'il avait probablement déjà plusieurs idées. Elle continuait de le regarder attendant une quelconque réaction du démon qu'elle considérait comme son frère.

"Toujours aussi amusante..." avait-il dit d'une voix sarcastique.

Esteban avait toujours adoré les sacarmes, et en émettait assez souvent. Il sauta au sol près d'elle, se retournant pour plonger son regard dans le siens, ses yeux rouges, fixant les siens.

"Tu sais ma mignonne, j'ai autre chose à faire que de planifier des coups, et puis, ça ne me prend pas tant de temps que ça pour en pondre un qui est parfait."

Prenant son menton entre deux doigts, il s'approcha d'elle d'avantage.

"Tu sais, ce serais plutôt à moi d'être surpris de te voir ici... Je croyais que tu n'aimais pas ce genre d'endroit où il y a de l'eau en grande quantité."

Repoussant doucement Esteban, elle ne pu s'empêcher de sourire. Elle n'aimait pas particulièrement qu'il soit aussi près d'elle, mais trouvait amusant la façon dont il lui parlait. Il avait toujours été aussi hautain et fier de sa personne. Parfois il exagérait, mais ça faisait parti de son charme...

"Non, c'est vrai, tu as raison, je n'aime pas vraiment les endroits où il y a de l'eau en abondance, mais je ne suis pas si près que ça de la mer. Plusieurs mètres nous séparent."

Amalia se demandait comment il réagirait à cette réponse. Il avait toujours été assez imprévisible. Elle, elle se demandait si lui, il avait une peur. Si c'était le cas, elle ne l'avait jamais connu.

Une lueur malicieuse venait de passer dans ses yeux, tandis que son sourire devenait cruel. Il voulait faire peur à Amalia, et savait qu'il était facile d'y arriver. Après tout, elle avait peur de tout et de rien.

"Et si quelqu'un comme moi décidait de te prendre avec lui et de t'emmener jusqu'à la mer...?"

Il avait saisit ses épaules, l'air de plus sérieux. Il était vraiment prêt à le faire, seulement pour lui foutre la frousse. Il était certain qu'elle se mettrait à paniquer. Esteban l'avait à présent prit dans ses bras, la serrant assez fort pour qu'elle ne puisse s'enfuir.

Amalia ne croyait pas vraiment qu'il le ferait, mais quand il la saisit, elle changea subitement d'idée. C'était Esteban après tout... Le démon qui aimait bien mettre le chaos, et faire des bêtises. Pourquoi ne déciderait-il pas de la mettre à l'eau? Elle se mit à paniquer à cette idée. Elle avait toujours été terrorisée par l'eau depuis l'incident qui était survenu lorsqu'elle était plus petite.

"Laisse moi!!! Fais pas ça Esteban!"

Elle le frappait aussi fort qu'elle le pouvait, mais elle était complètement terrorisée. Finalement, elle appuya sa main sur son torse, et essaya de le bruler, mais ça ne semblait pas l'affecter beaucoup. Elle hurlait de la laisser, mais ça ne semblait que le faire rire davantage.

En effet, Esteban était mort de rire, et continuait toujours d'avançer. Il avait bien hate de voir la tête qu'elle ferait lorsqu'il la mettrait à l'eau. Il se dit que ça serait surement un spectacle des plus captivant. Une lueur cruelle brillait dans ses yeux, tandis qu'il retenait sans peine la pauvre petite Amalia qui était sans défense.

"Je croyais que je n'étais pas dangereux, et que je ne te faisais pas peur... Aurais-tu changé d'avis?"

Il affichait un air satisfait et hautain. Il semblait se ficher complètement des cris et des plaintes incessante d'Amalia. Il se demandait à quoi elle s'attendait... Personne ne viendrait, il en était certain.

"Arrête... Je t'en prie."

Amalia avait envie de pleurer, mais ne le faisais. Elle avait peur qu'il la mette à l'eau, elle avait peur de revivre le cauchemar, celui qu'elle essayait d'oublier. Elle avait arrêter de se débattre, sachant très bien qu'Esteban était beaucoup plus fort qu'elle et qu'elle n'arriverait à rien de cette manière.

"Esteban..."

Sa voix était suppliante, elle se demandait ce qui lui prenait... Il lui arrivait très souvent d'être désagréable avec elle, de la malmener un peu, mais jamais de s'amuser à lui faire de telle peur.

Esteban arrêta brusquement de marcher. Il s'était glissé dans l'esprit d'Amalia, tandis qu'elle le suppliait de la lacher. Il venait de se rendre compte de ce qu'il était vraiment entrain de faire. Il avait lu la peur en elle, cette même peur qui l'avait peuplé lorsqu'il était petit et qu'elle l'avait fait disparaître de par sa seule présence. Il la lacha doucement, la posant au sol. Il affichait un air désolé.

"Excuse moi Amalia, je suis désolé... Je ne voulais pas te faire peur comme ça..."

Il franchit le pas qui les séparait, et la serra délicatement dans ses bras. Il ne s'excusait que rarement. C'est que maintenant, il s'était rendu compte de la bêtise qu'il avait fait. Amalia ne connaissait pas sa peur, mais il était certain qu'elle n'essaierait pas de lui faire peur comme ça.

Amalia fut étonnée du changement si soudain d'attitude d'Esteban. C'est vrai qu'il avait un caractère assez changeant et qu'il était difficile à comprendre, mais ça avait été plutôt soudain quand même. Elle avait levé les yeux vers lui tandis qu'il la serrait dans ses bras. Il ne semblait pas préparer quelque chose... Il semblait sincère. Elle était soulagée, et heureuse qu'il s'excuse. Elle avait réellement eu peur... Elle profita de ce câlin, car rares étaient ceux qu'ils s'échangeaient. Esteban démontrait son affection du manière différente qu'elle, elle le faisait. Il faisait quelques mesquinerie, et la taquinait fréquemment, c'était comme ça qu'il lui disait qu'il l'appréciait... Elle y était habituée. Elle, elle y allait d'une façon plus conventionnelle.

"Ne t'inquiète pas, c'est pardonné... Tu as su t'arrêter et avouer tes tords, et c'est tout ce qui compte pour moi."